Les principaux enseignements

Les discussions de la Conférence de l'Institut Veolia peuvent se résumer en cinq axes d'actions prioritaires pour réduire les émissions de méthane :

Il apparaît clairement que réduire le méthane à court terme est essentiel. Aussi son impact est suffisamment important pour remettre en cause la pratique consistant à l'associer au CO2. En lui fixant un coût équivalent à 84 fois celui du dioxyde de carbone beaucoup plus d'actions pourraient être menées. Pour reprendre les mots de Gaël Giraud, de l'AFD, « un marché unique du carbone est illusoire et ne serait finalement pas utile. Naturellement, des coûts différents seront nécessaires pour motiver un ingénieur allemand ou un agriculteur malien ». De même, il est possible de fixer des coûts différents pour les émissions de méthane et celles de dioxyde de carbone.

 Parmi les trois principales sources d'émission de méthane, c’est dans le secteur du pétrole et du gaz que les progrès les plus rapides pourraient être obtenus. C'est la source la plus concentrée, aussi bien physiquement qu'en nombre d'acteurs du secteur. La récupération du méthane faitpartie de leur coeur de métier. La plupart des mesures auront un impact positif même si certaines restent en dessous des taux de rendement très élevés de cette industrie. Dans cette optique, il serait utile d’attribuer un prix au méthane. De même, il faudrait aussi que davantage d'entreprises :
  • se joignent à des initiatives telles que le Oil and Gas Methane Partnership de la CCAC ;
  • suivent les recommandations de l'AIE fixant des objectifs de réduction de méthane ;
  • mettent en place des réglementations permettant d'atteindre ces objectifs.
     
La récupération du méthane issu des décharges est techniquement réalisable et pourrait être rentable. Cela nécessite de fixer un coût adapté aux émissions de méthane, applicable au site de la décharge. En supposant qu'une chaîne de collecte des déchets soit en place, cela requiert également que les conditions soient réunies pour monétiser le méthane récupéré en définissant clairement la propriété et en disposant d'un marché de l'électricité local satisfaisant. Les solutions sont accessibles et peuvent facilement être déployées à plus grande échelle. Afin que ce modèle économique fonctionne, des politiques de facilitation et des mécanismes de soutien (tels que les tarifs de rachat) doivent être mis en place.
 
L'agriculture dispose d'un fort potentiel de réduction des émissions de méthane, mais la nature diffuse des sources et l'ancrage profond des pratiques d'approvisionnement et de consommation rendent les progrès plus échelonnés et appellent des stratégies multiples. Heureusement, elles existent, que ce soit par le biais de la CCAC ou d'organisations spécialisées telles que la FAO ou l'IRRI. De nouveaux instruments financiers, à l'image du PAF de la Banque mondiale, peuvent également favoriser une diminution des émissions.
  Des données plus précises sont requises; toutefois leur collecte nécessitera probablement denouvelles formes de partenariat. Dans de nombreux secteurs, les facteurs d'émission individuels sont relativement bien compris qu'il s'agisse d'un puits de pétrole ou d'une rizière. Les incertitudes concernent plutôt le nombre de sources et les modélisations utilisées pour prédire le comportement des émissions. La réalisation d’études ciblées apportera non seulement des données plus précises, mais également des clés pour savoir comment améliorer les pratiques.